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Kids of Armenia
Sun, 11/29/2020 - 23:14

La violente guerre de septembre 2020, opposant l'Azerbaïdjan aux arméniens d'Artsakh et d'Arménie, a ranimé la diaspora. Terrorisés par l'alliance avec la Turquie, la participation de mercenaires étrangers et la technologie ultra moderne de guerre employée par l'ennemi, les arméniens du monde sont descendus par milliers dans les rues pour alerter la communauté internationale. Certains parmi les plus éprouvés et intrépides, ont pris l'initiative de partir seul ou en petit groupe pour aider, témoigner, se battre.

Les missions humanitaires, chapeautées ou non par des associations, sont devenues de plus en plus nombreuses. Ces initiatives sont le fruit direct d'un état d'impuissance intenable, incitant la mise en action. Le vécu à distance du conflit, heure par heure, pendant des semaines grâce aux réseaux sociaux et l’absence d’intervention des grandes instances internationales a probablement accentué ce sentiment, ne permettant pas aux arméniens de se sentir utiles comme citoyen de leur pays. Et c'est dans ce contexte que certains ont rejoint l'Arménie ou l'Artsakh, pour quitter et transformer cet affect rongeur et destructeur.

Et c'est bien là le sujet de cet article, avoir conscience que l'entreprise d'un départ est avant tout une démarche qui permet de se dégager d'un sentiment insupportable. Accepter et intégrer cette intention auto-réparatrice est primordiale. Le risque sans cette prise de conscience, est d'intervenir maladroitement dans la vie de ces arméniens meurtris mais vivants. Corriger l'impuissance, sans mettre à mal l'humain qu'on devait aider en premier lieu, est donc un travail à prévenir et à intégrer.

Les facteurs de résistance 

Préserver la force de vie des arméniens est un acte humanitaire en soi. Le soutien social, matériel et moral apporté par les milliers de bénévoles arméniens et de la diaspora a joué un rôle dans le processus de protection, grâce à des mécanismes psychiques limitant les impacts traumatiques. La solidarité pour la survie est un puissant levier de résilience, c'est la raison pour laquelle il faut inscrire chaque entreprise humanitaire dans une dynamique de protection des facteurs de résilience quand ceux-là existent. Tout porte à penser qu'ils existent bien en Arménie et en Arstakh, et ça depuis des siècles. 

Il faut ajouter à ces facteurs de résilience la particularité des enfants qui malgré l’exode et des événements potentiellement traumatogènes ne sont pas forcément traumatisés. Les bénévoles ne doivent pas se faire leurrer par les photos et vidéos captés et relayés sur les réseaux sociaux. La souffrance qui peut émaner de ces clichés n'est qu'un instant T.

Les enfants ont en effet cette capacité incroyable, bien plus que les adultes, à s’adapter, malgré les difficultés rencontrées, malgré les polytraumatismes de la guerre. Ces enfants rêvent, jouent mais ils font malgré tout comme les adultes, ils tiennent bon. Il faut estimer et épargner ces vies d’équilibristes.

L'enjeu de l'ici et du maintenant

Modérer son action, la limiter à ses compétences et faire acte de présence est un objectif honnête et honorable. Etre présent dans l'ici, le maintenant et maintenir un lien, c’est gagnant-gagnant.

La professionnalisation de l’aide humanitaire traduit la recherche de pertinence et l’exigence d’efficacité mais elle prémunie aussi les victimes d’une intervention inadaptée. Il est primordial de s’appliquer à ne pas se servir des sinistrés pour vivre une expérience.

Que faire ? S’inscrire dans leur présent par le partage, l'art, la musique, le jeu, le sport, l’humour, ne pas chercher pas à connaître le passé, ne pas trop s’avancer dans le futur.